La Direction de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports (DENJS) de Monaco a accueilli du 17 au 22 mars l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal dans le cadre de son programme annuel de rencontres littéraires. Cette femme de lettres, conférencière et ambassadrice de l’UNICEF, dont le roman « Les Impatientes » a été récompensé par le prix Goncourt des lycéens en 2020, a rencontré 350 élèves issus des trois lycées de la Principauté.

Militante féministe reconnue, Djaïli Amadou Amal a partagé son témoignage sur les effets de l’islam rigoriste sur la vie des femmes sahéliennes. Son parcours personnel illustrait les traditions restrictives qu’elle dénonce : mariée de force à 17 ans selon des coutumes religieuses strictes, puis victime de violences dans un second mariage, elle s’est reconstruite par l’écriture et a fondé en 2012 l’association « Femmes du Sahel » pour aider les jeunes femmes à s’émanciper par les études.

Une œuvre qui interroge les traditions religieuses

« Les Impatientes » a exploré les conséquences de l’interprétation rigoriste des traditions religieuses à travers le destin de trois femmes – Ramla, Hindou et Safira. Le roman a décrit comment ces interprétations justifiaient le mariage forcé, la soumission féminine et la polygamie au nom de préceptes religieux. Dans son œuvre, l’auteure a mis en lumière comment la patience, seule vertu recommandée aux femmes (« Au bout de la patience, il y a le ciel »), devenait un outil d’oppression. Cette analyse a suscité de vives réactions chez les lycéens monégasques qui avaient préalablement étudié le texte.

Ces rencontres se sont inscrites parfaitement dans le programme scolaire, notamment en lien avec l’étude d’Olympe de Gouges et « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » au baccalauréat de français. Elles ont offert un regard contemporain sur la question des droits des femmes face aux interprétations religieuses strictes et se sont déroulées opportunément pendant la semaine de la Francophonie, sensibilisant les élèves à la diversité culturelle du monde francophone.

Après avoir reçu des auteurs comme Carole Martinez, Maryline Desbiolles et Gilles Marchand, la Principauté a donc accueilli cette figure incontournable de la littérature contemporaine, première auteure africaine à avoir atteint la finale de la prestigieuse sélection du Goncourt, dont la renommée internationale l’avait récemment conduite aux États-Unis et à Genève pour des conférences sur la condition féminine face aux interprétations rigoristes des textes religieux.