Antoine Izambard décrypte pour challenges.fr les enjeux de la 5G à Monaco. Extraits.
C’est une petite boîte blanche de 80 cm de haut sur 40 cm de large. On en dénombre un peu moins d’une trentaine (27) disséminées à proximité des nombreux casinos, hôtels de luxe ou du palais princier et sa vue imprenable sur la Méditerranée. L’objet en question est une antenne 5G fabriquée par le géant chinois des télécoms Huawei. Depuis le 9 juillet, la petite cité-État de Monaco est le premier pays à bénéficier d’une couverture intégrale de son territoire (202 hectares) en 5G –certaines régions en Corée du Sud, aux États-Unis ou en Suisse sont aussi connectés à la 5G depuis plusieurs mois.
Depuis le 9 juillet, la petite cité-État de Monaco est le premier pays à bénéficier d’une couverture intégrale de son territoire en 5G –certaines régions en Corée du Sud, aux États-Unis ou en Suisse sont aussi connectés à la 5G depuis plusieurs mois.
## Gage de transparence
C’est là, dans cette station huppée des Alpes suisses qui rassemble chaque année le gotha de la finance mondiale, que le prince Albert II a proposé à Guo Ping, un des vice-présidents de Huawei, de nouer un partenariat dans la 5G. Une prise de contact qui a débouché un an plus tard, le 9 juillet à Monaco, par l’inauguration en grande pompe de cet accord, en présence du patron de Free Xavier Niel et propriétaire depuis 2014 de Monaco Telecom. Interrogé par Le Parisien, lors de l’inauguration du partenariat avec Monaco, Weiliang Shi, le directeur général de Huawei France, avait déclaré que cet accord permettait au géant chinois –il n’a pas souhaité répondre à nos questions– de «montrer qu’ est fiable et transparent». Un besoin de communication motivé par la guerre livrée par les États-Unis et une partie de leurs alliés contre le champion chinois fondé par l’ancien colonel de l’Armée populaire de libération , Ren Zhengfei.
La firme de Shenzhen est notamment accusée par la Maison-Blanche de dissimuler dans ses équipements des portes dérobées , lesquelles permettraient, selon elle, à Pékin d’accéder aux données transitant par les réseaux de Huawei.
## Drones pour pompiers
Dans ce climat de suspicion permanente, la très bling-bling Monaco offre à Huawei une vitrine de choix. En atteste, la visite d’État historique de Xi Jinping dans la principauté le 24 mars 2019, une première pour un président chinois. « Huawei voit Monaco comme un centre d’excellence, observe Frédéric Genta, délégué interministériel en charge de la Transition numérique au sein du gouvernement monégasque. Pour Monaco, ce partenariat historique avec Huawei sont autant d’occasions de passer des caps numériques et de désengorger notre réseau qui est assez saturé (il augmente de 50% lors du Grand Prix de Formule 1 de Monaco par exemple). Nous avons aussi de nombreux projets liés à l’internet des objets et aux ‘smart cities’. » Des smartphones 5G équipent ainsi déjà les pompiers monégasques, leur permettant de commander plus efficacement les drones qu’ils contrôlent. Les autorités espèrent aussi lancer d’ici à 2021 des navettes autonomes, notamment la nuit, pour relier certains quartiers mal desservis. La plupart des abris bus comprennent aussi un modem 5G donnant accès au wifi public.
## Craintes autour des risques pour la santé
Un groupe Facebook baptisé «5G Monaco» et fort de 400 membres a même été créé en mai. Il fait part régulièrement de ses craintes envers la 5G et pointe une technologie «encore plus noci pour les êtres humains et l’environnement». « Il permet de transmettre plus de données avec moins d’intensité électrique. «C’est un sujet que nous avons pris très au sérieux mais il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, appuie Frédéric Genta. »
Au-delà de ces éventuels risques pour la santé, le nouveau réseau monégasque fait aussi l’objet d’un audit régulier par l’Agence monégasque de sécurité numérique . » A la tête d’une équipe de dix personnes rassemblées dans une zone protégée située à deux pas du siège de Monaco Telecom, ce dernier est chargé de sécuriser cet édifice 5G. «Comme pour la 3G, notre travail consiste à faire mettre en place un bastion, une sorte de muraille défensive autour du système, explique-t-il dans son bureau monégasque, ses trois téléphones à portée de main. Toute action est ainsi enregistrée pour pouvoir savoir qui fait quoi».
> «Huawei ne corrige pas assez vite les vulnérabilités»
A l’instar de l’ANSSI qui a écarté Huawei du marché des routeurs de cœur de réseau en 2016, ou de certains services de renseignements occidentaux, l’AMSN a-t-elle des soupçons sur le matériel du géant chinois? «Pas plus que pour les autres équipementiers télécoms, répond Dominique Riban. Comme l’a montré le National Cyber Security Center au Royaume-Uni, la question pour Huawei est plutôt d’avoir des processus de suivi clairs. » «Huawei a déclaré cela mais derrière on ne sait pas du tout ce qu’ils ont réellement mis en oeuvre», juge Dominique Riban. «Depuis cet été nous vendons le Huawei Mate 20 X 5G et le Xiaomi Mi MIX 3 5G», affirme Martin Péronnet, Directeur de Monaco Télécom.
«Le catalogue est encore assez mince mais le jour où Apple va proposer un téléphone pour la 5G, cela va changer la donne», poursuit Martin Péronnet. Grand absent du marché, l’iPhone 5G est attendu pour 2020. Sa commercialisation pourrait alors donner un gros coup d’accélérateur à ce marché qui pourrait créer une valeur de 2.200 milliards de dollars dans le monde entre 2020 et 2034 selon le cabinet TMG.
*[Source](https://www.challenges.fr/high-tech/telecoms/monaco-laboratoire-des-gigantesques-ambitions-de-huawei-dans-la-5g_677506)* de l’article complet.