Le Centre Scientifique de Monaco et la Maison Chanel ont renouvelé le 16 octobre 2025 la convention de partenariat qui les lie depuis 2019, pour une nouvelle période de six années. Cette collaboration soutient l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux qui mène des programmes de recherche fondamentale pour comprendre les processus de la vie du corail rouge et contribuer à la protection de cette espèce méditerranéenne.
Exploité depuis des millénaires pour la bijouterie, la médecine et l’ornement religieux, le squelette du corail rouge est aujourd’hui menacé par la surpêche, la pollution d’origine humaine et le réchauffement climatique. Sa croissance très lente en fait un trésor naturel à préserver. Espèce emblématique de la Méditerranée, il constitue la clé de voûte de l’écosystème coralligène, qui abrite près de 20 % des espèces marines connues de cette mer.

Chanel Joaillerie soutient avec le Centre Scientifique de Monaco des programmes de recherche qui visent à mieux comprendre les mécanismes de croissance de cet animal et la formation de sa couleur particulière, afin d’établir des solutions pour contribuer à la conservation de cette espèce.
Une moisson de découvertes scientifiques
Depuis 2019, l’unité de recherche a obtenu des résultats donnant lieu à la publication d’une vingtaine d’articles scientifiques. Ces travaux ont permis de décrire avec précision plusieurs mécanismes biologiques jusque-là peu caractérisés chez le corail rouge. Parmi ces découvertes figurent les processus liés à la formation du squelette, ainsi que la caractérisation des micro-organismes associés à l’animal.
Les recherches montrent que des hormones interviennent directement dans le contrôle de la croissance du squelette, ouvrant la voie à une approche innovante pour stimuler la croissance du corail en laboratoire. L’étude révèle que certaines molécules organiques jouent le rôle de charpente, guidant la construction et la forme du futur squelette.

Les techniques actuelles ont révélé une organisation anatomique élaborée avec un réseau sophistiqué de cellules interconnectées, produisant des granules calcaires appelés spicules. Le corail rouge abrite un microbiome unique, composé de bactéries spécifiques, notamment des Spirochètes, qui participent directement à sa nutrition et au maintien de sa vitalité. Une méthodologie innovante a révélé la présence de champignons symbiotiques très spécifiques au corail rouge.
L’effet des changements environnementaux est étudié grâce à une approche combinant expériences en laboratoire et observations de terrain. Les recherches montrent que le microbiome du corail est vulnérable au stress thermique et reste déséquilibré même après un retour à des températures normales, favorisant l’installation de bactéries opportunistes et parfois pathogènes.
Des expériences ont été conduites dans des grottes immergées en mer, qui ont permis de tester les conditions optimales pour la fixation des larves et le développement de jeunes coraux. Des grottes artificielles en béton ont été immergées à 40 mètres de profondeur dans les eaux monégasques, où sont testées de nouvelles approches pour optimiser la reproduction du corail rouge et stimuler la croissance de jeunes colonies. Les naissances enregistrées dans le cadre du programme de reproduction protégée en milieu naturel ont permis d’obtenir chaque année 200 à 300 jeunes coraux dont la croissance est suivie.

Les chercheurs en charge du projet ont encadré deux thèses dont les soutenances sont prévues fin 2025. Ces travaux ouvrent la voie à de futurs programmes de restauration du coralligène, inscrits dans l’ambition de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030.
Images : CSM, DR