C’est un échange de SMS qui risque de faire du bruit. Il implique deux magistrats et évoque une sulfureuse enquête conduite à Monaco. Présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession, Céline Parisot s’adresse en juin 2019 à son collègue Edouard Levrault qui vient de voir son détachement comme juge d’instruction en Principauté non renouvelé. En charge d’un dossier dans lequel des soupçons pèsent sur l’intégrité de fonctionnaires monégasques, il a adressé dans les jours qui précèdent une liste de 105 questions au prince Albert restées sans réponse. Cette initiative lui a probablement valu un veto à la poursuite de sa mission entamée en 2016.
« Fuites stupéfiantes »
« Edouard, un journaliste de France 3 très en pointe sur le sujet de Monaco voudrait te joindre il a déjà fait un reportage, il y a environ 18 mois, pour lequel j’avais été interviewée, lui écrit la dirigeante de l’USM. Il est en possession de tout ton dossier d’instruction !!! donc très bien renseigné comme tu peux le voir. Tout peut rester off bien sûr qu’en penses-tu ? » A cet appel non déguisé à la violation du secret de l’instruction, le juge répond de manière plus prudente : « Incroyable… ces fuites sont stupéfiantes ! Je ne suis pas réfractaire à m’entretenir avec lui mais en aucun cas sur l’affaire que son émission a déjà couverte, uniquement sur les circonstances de mon éviction si cela l’intéresse ».
Tournure politique
Entretemps, l’affaire a pris la tournure d’une bataille politique. Car le défenseur du policier plaignant n’est autre qu’Éric Dupond-Moretti. Lorsque la procédure est déclenchée en juin 2020, il n’est encore qu’un avocat qui stigmatise une très mauvaise manière faite à son client. Mais le mois suivant, il devient ministre de la Justice…
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