Accueil Economie 1,90 € : les facteurs structurels derrière l’écart salarial médian hommes-femmes

1,90 € : les facteurs structurels derrière l’écart salarial médian hommes-femmes

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L’Institut Monégasque de la Statistique et des Études Économiques (IMSEE) publie son rapport 2024 sur les écarts salariaux entre hommes et femmes. Au centre des données : un écart médian de seulement 1,90 € par mois en faveur des hommes dans le secteur privé. Ce chiffre, bien plus modeste que les 18,6 % d’écart mensuel moyen, révèle les facteurs structurels qui expliquent une grande partie des disparités.

Les chiffres en perspective

Le rapport mesure des écarts bruts, sans ajustement pour l’âge, l’expérience ou le diplôme. L’écart mensuel moyen dans le privé atteint 18,6 %, influencé par une minorité d’hommes aux salaires élevés, notamment en finance ou dans le sport. À l’inverse, l’écart médian – qui reflète le salaire de la moitié des salariés – n’est que de 0,1 %, soit 1,90 € par mois. Cet indicateur, recommandé par l’OCDE, est bien inférieur à celui de la France (6,2 %) ou de la moyenne OCDE (11,5 %).

Dans le secteur public, les femmes affichent un indice de rémunération moyen supérieur de 2,4 % à celui des hommes, contre 0,7 % en 2019. Les femmes occupent plus souvent des emplois qualifiés (49,1 % en supérieurs), bien que par catégorie de poste (A, B, C), les hommes conservent un avantage.

Facteurs structurels : temps de travail et répartition des métiers

Les écarts s’expliquent en grande partie par des éléments structurels. Le temps de travail en est un pilier : les femmes optent plus souvent pour le temps partiel (30-40 % contre 10-15 % pour les hommes), souvent pour concilier vie professionnelle et familiale. Ainsi, l’écart mensuel de 18,6 % se réduit à 16,4 % en horaire (5,10 €/h en plus pour les hommes). La décomposition du rapport 2019 attribue environ 47 % de l’écart horaire à des différences comme le volume horaire et le niveau d’emploi.

La répartition des métiers joue aussi un rôle clé : les hommes dominent les secteurs mieux rémunérés, comme la construction ou les transports (salaires 2-3 fois supérieurs), tandis que les femmes sont majoritaires en restauration ou services administratifs. À Monaco, 8 des 12 grands secteurs sont à majorité masculine. Ces choix, influencés par l’éducation et les parcours, expliquent une large part des différences.

La pénibilité mérite attention. Les emplois masculins impliquent souvent plus de risques physiques (accidents en construction), compensés par des primes. Les femmes gèrent une charge mentale plus élevée en services (stress, multitâche), sans équivalent financier.

Évolution et données clefs : une convergence progressive

De 2012 à 2024, les écarts diminuent : -10 points en mensuel, -6 points en horaire dans le privé. La féminisation des emplois qualifiés (de 47 % à 49,1 % en public) et la progression des bas salaires (plus féminins) contribuent à cette tendance. Les rapports précisent : « Les résultats ne permettent pas de comparer des positions et qualifications égales. »

Pour les résidents monégasques, ces éléments ouvrent des pistes : faut-il développer les crèches pour favoriser le temps plein, ou encourager les femmes à se tourner vers les secteurs techniques ? L’écart salarial de 1,90 € médian à Monaco souligne une réalité nuancée, où les facteurs structurels sont décisifs.