Les avocats de la défense avaient demandé de concert le renvoi du procès, qui devait réunir pendant un mois dans une salle sans fenêtre une cinquantaine de personnes, mettant en avant le contexte sanitaire.
« Le pire scenario serait que ce procès commence et qu’avant son terme, nous soyons contraints comme au mois de mars d’y mettre fin », a avancé Me Jean-Robert Phung, avocat de l’un des cinq protagonistes présumés du guet-apens mortel jugés en appel.
De plus, la demande de disjonction du tireur présumé, dont l’avocat était retenu par un autre procès, rendait également impossible « l’examen d’un fait d’accusation au même moment », a expliqué le président de la cour d’assises d’appel d’Aix-en-Provence, qui a ordonné « le renvoi de l’affaire », sans donner de nouvelle date.
L’avocat général avait pourtant réclamé le maintien du procès, arguant que « la vie, la vie judiciaire » devait continuer.
Il avait aussi fait valoir l’importance de rejuger rapidement les accusé dont quatre sont en détention depuis plus de six ans. « La France est obligée de rendre sa justice dans un délai pas trop long », avait-il insisté, ajoutant qu’ils demanderaient sans doute une remise en liberté pour délai déraisonnable avant leur jugement en appel.
Veste grise sur chemise mauve, un masque en tissu blanc sur le nez, Wojciech Janowski, ex-consul honoraire de Pologne à Monaco, était présent lundi malgré son cancer colorectal.
En 2018, il avait été condamné à la prison à vie après avoir été jugé coupable d’être l’instigateur du guet-apens qui avait coûté la vie à sa belle-mère et à son chauffeur.
Le 6 mai 2014, Hélène Pastor, 77 ans, et Mohamed Darwich, 63 ans, avaient été mortellement blessés par balles devant un hôpital de Nice où la milliardaire venait de rendre visite à son fils Gildo, victime d’un double AVC.
Juste après le drame, Wojciech Janowski avait avoué en garde à vue être l’organisateur de ce piège avant de se rétracter jusqu’à la volte-face de dernière minute, lors du procès en première instance, de son avocat de l’époque, Eric Dupond-Moretti.
Ce dernier, devenu depuis ministre de la Justice, avait alors concédé que son client était bel et bien le commanditaire de l’assassinat de Mme Pastor, mais pas de celui du chauffeur. Des propos de nouveau contestés neuf mois plus tard par Wojciech Janowski, qui accusait Me Dupond-Moretti d’avoir plaidé coupable contre son gré.
Ce crime avait secoué la principauté de Monaco, dont Hélène Pastor était une des plus grosses fortunes, héritière d’un empire immobilier estimé à 12 milliards d’euros.
Photo : La fille d’Hélène Pastor, Sylvia Ratkowski-Pastor, arrive à la cour d’appel d’Aix-en-Provence le 2 novembre 2020
afp.com/NICOLAS TUCAT