Un nouveau rapport publié dans The Lancet alerte sur les dangers croissants de la pollution plastique pour la santé humaine et planétaire. Cette publication, développée en collaboration avec le Centre Scientifique de Monaco, Boston College, la Fondation Minderoo et l’Université de Heidelberg, intervient alors que les ministres et diplomates se réunissent à Genève pour les négociations finales d’un traité mondial sur les plastiques.
Les plastiques représentent un danger grave, croissant et sous-estimé pour la santé humaine et celle de la planète. Ils provoquent des maladies et des décès de la naissance à la vieillesse, et sont responsables de pertes économiques liées à la santé dépassant 1 500 milliards de dollars chaque année. Ces impacts touchent de manière disproportionnée les populations pauvres et vulnérables.
Le principal facteur de cette crise est la croissance accélérée de la production de plastique, passant de 2 millions de tonnes métriques en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022, avec une projection de 1 200 millions de tonnes d’ici 2060. La pollution plastique s’est également aggravée : 8 milliards de tonnes de déchets plastiques polluent aujourd’hui la planète. Moins de 10 % sont recyclés.
Les microparticules et nanoparticules de plastique ainsi que de multiples substances chimiques plastiques se retrouvent dans les environnements les plus reculés et dans les organismes des espèces marines et terrestres du monde entier, y compris chez l’être humain.
Les négociations de Genève au cœur des enjeux
L’aggravation continue des effets nocifs des plastiques n’est pas inévitable. Comme pour la pollution de l’air ou le plomb, ces effets peuvent être atténués de manière rentable grâce à des lois et des politiques fondées sur des données probantes, suivies de façon transparente, mises en œuvre efficacement et financées de manière adéquate.
Les États membres de l’ONU se rassembleront à Genève du 5 au 14 août 2025 pour ce qui devrait être le dernier cycle de négociations visant à conclure un traité mondial sur les plastiques. Le mandat de ces négociations, adopté à l’unanimité lors de l’UNEA5.2 en 2022, consiste à développer un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique, couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique.
Le professeur Philip Landrigan, pédiatre et épidémiologiste, directeur de l’Observatoire mondial sur la santé planétaire du Boston College et auteur principal du rapport, souligne l’impératif d’inclure des mesures de protection de la santé humaine et de l’environnement dans le traité mondial sur les plastiques.
Parallèlement à la finalisation attendue du traité mondial sur les plastiques, le rapport annonce le lancement d’un système de surveillance mondial indépendant axé sur la santé : The Lancet Countdown on Health and Plastics. Ce système s’inspire du modèle et de l’impact du Lancet Countdown on Health and Climate Change.
Le nouveau Countdown identifiera et rapportera régulièrement une série d’indicateurs scientifiquement significatifs et représentatifs géographiquement et temporellement à travers toutes les étapes du cycle de vie du plastique. Il suivra les progrès vers la minimisation des expositions et l’atténuation des impacts sur la santé humaine.
Le docteur Hervé Raps, médecin délégué à la recherche au Centre Scientifique de Monaco, co-auteur du rapport et co-responsable d’un des groupes de travail du nouveau Lancet Countdown, précise que la protection de la santé humaine et de l’environnement doit être l’étoile directrice, nécessitant de traiter les dommages associés aux plastiques et aux produits chimiques plastiques sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques.
La Fondation Minderoo est le principal financeur du Lancet Countdown on Health and Plastic. Un financement supplémentaire et un soutien en nature sont fournis par le Boston College, le Centre Scientifique de Monaco et l’Université de Heidelberg.