Depuis son inscription sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI) le 28 juin 2024, Monaco s’emploie à combler les lacunes relevées dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. L’organisme international rappelle régulièrement que la Principauté doit poursuivre ses efforts pour sortir de ce dispositif de suivi renforcé, réservé aux juridictions présentant encore des insuffisances stratégiques.
Cette surveillance internationale s’est doublée, ce 10 juin 2025, d’une inscription sur la liste européenne des pays tiers « à haut risque ». Cette décision découle mécaniquement de la méthodologie de l’Union européenne : tout territoire présent sur la liste grise du GAFI est repris, sans examen supplémentaire, dans la liste européenne. Les établissements financiers opérant avec Monaco sont désormais tenus d’appliquer des mesures de vigilance renforcées, générant un surcroît de conformité mais sans remettre en cause la capacité des acteurs à travailler avec la place monégasque.
Le Gouvernement, qui se déclare satisfait de « progrès notables », met en avant plusieurs jalons récents.
L’Ordonnance souveraine n° 11 242 du 30 mai 2025, qui confie désormais à un magistrat la présidence de la formation de sanction de l’Autorité monégasque de sécurité financière (AMSF) ; la signature, le 8 juin, d’un avenant à la convention douanière franco-monégasque de 1963, pour renforcer la coopération transfrontalière ; enfin, le dépôt, le 12 juin, d’un projet de loi sur la « réserve judiciaire », et la création d’un projet sur la procédure du « plaider-coupable ».
Ces réformes posent les bases d’un cadre juridique et institutionnel plus robuste. La prochaine étape déterminante consistera toutefois à démontrer leur effectivité : enquêtes abouties, confiscations d’avoirs criminels, sanctions proportionnées et coopération judiciaire internationale devront être quantifiées pour satisfaire aux exigences du GAFI. C’est précisément sur ces résultats mesurables que se penchera le comité MONEYVAL lors de l’évaluation prévue en 2026, avant qu’une décision éventuelle de retrait de la liste grise ne soit envisagée.
En attendant, la double inscription – auprès du GAFI et de l’Union européenne – rappelle que la réputation de la place financière monégasque repose désormais autant sur l’adoption de textes que sur leur mise en œuvre concrète. Les mois à venir diront si les avancées enregistrées se traduisent par des indicateurs suffisamment solides pour convaincre les instances internationales et alléger la vigilance qui entoure toujours la Principauté.