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Qui est le nouveau ministre d’État de la Principauté

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Philippe Mettoux, magistrat de formation et actuel membre du Conseil d’État français, a été nommé par S.A.S. le Prince Albert II pour succéder à Didier Guillaume au poste de ministre d’État de Monaco. Cette nomination intervient dans un contexte délicat, à la veille d’une visite d’État historique d’Emmanuel Macron.

Le Prince Souverain a officialisé la nomination de Philippe Mettoux au poste de ministre d’État de la Principauté de Monaco, avec prise de fonction le 4 juillet 2025. Ce choix marque un tournant dans la gouvernance monégasque, après la disparition brutale de Didier Guillaume en janvier dernier, emporté par une maladie fulgurante à l’âge de 65 ans.

Un parcours exemplaire dans la magistrature

Philippe Mettoux, sexagénaire, présente un profil atypique pour ce poste clé de la Principauté. Formé à l’École nationale de la magistrature, il a débuté sa carrière comme substitut à Dijon avant de devenir procureur de la République au Tribunal de Grande Instance de Sens en 1993. Titulaire d’une maîtrise de droit privé et d’un DEA d’histoire du droit, il a ensuite exercé comme procureur en Bourgogne, où il s’est forgé une solide réputation dans le milieu judiciaire.

En 2000, sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’il intègre le ministère de la Justice, rejoignant la direction des affaires criminelles et des grâces, puis le Service central de prévention de la corruption. Ces postes stratégiques lui permettent d’acquérir une expertise approfondie dans la lutte contre la délinquance financière et la corruption, compétences qui s’avéreront précieuses dans ses futures fonctions.

Conseiller des plus hautes autorités

L’expérience de Philippe Mettoux dans les hautes sphères de l’État s’enrichit considérablement lorsqu’il devient conseiller auprès de personnalités politiques de premier plan. Il accompagne d’abord Dominique Perben à la Chancellerie, puis Dominique de Villepin, successivement au ministère de l’Intérieur et à Matignon. Cette proximité avec le pouvoir exécutif lui confère une connaissance intime des rouages de l’État et des enjeux politiques complexes.

Selon plusieurs sources, Philippe Mettoux devient par la suite « l’un des piliers du club Villepin », témoignant de la confiance et de l’estime que lui portent les plus hautes autorités. Cette expérience gouvernementale constitue un atout majeur pour ses nouvelles responsabilités monégasques.

Une reconversion réussie dans le secteur privé

En 2013, Philippe Mettoux opère une transition vers le secteur privé en rejoignant la SNCF en qualité de directeur juridique et de la conformité du groupe, tout en conservant son statut de membre du Conseil d’État en détachement. Dans cette fonction, il supervise également les missions de médiateur interne de l’entreprise, gérant les conflits et les contentieux au sein du groupe ferroviaire.

Cette expérience de plus de dix années à la SNCF lui apporte une vision entrepreneuriale et une maîtrise des enjeux économiques contemporains, complétant parfaitement son background juridique et administratif. Sa connaissance des grands groupes publics et de leurs défis de modernisation représente un atout précieux pour Monaco, engagée dans une stratégie de diversification économique.

Un intérim salué par le Prince

La nomination de Philippe Mettoux intervient après six mois d’intérim assuré par Isabelle Berro-Amadei, Conseiller de Gouvernement-Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération. Dans le communiqué officiel, S.A.S. le Prince exprime « Sa profonde gratitude envers Madame Isabelle Berro-Amadei pour avoir assuré, avec dévouement et efficacité, l’intérim des fonctions de Ministre d’État durant près de six mois ». Son « grand professionnalisme et sa connaissance des dossiers ont largement contribué à assurer la continuité de l’action gouvernementale », souligne le Palais.

Un contexte diplomatique sensible

Si la prise de fonction de Philippe Mettoux est programmée pour le 4 juillet, sa nomination survient à un moment crucial pour les relations franco-monégasques. Elle précède de peu la visite d’État d’Emmanuel Macron prévue le week-end du 7 juillet, première visite d’un président français depuis François Mitterrand en 1984. Cette coïncidence temporelle n’est pas anodine et témoigne de la volonté du Prince de présenter une équipe gouvernementale renouvelée à son homologue français.

Cette nomination intervient également alors que le Rocher fait face à l’affaire que certains appellent le « Monacogate », qui secoue la Principauté et nécessite une gestion politique particulièrement fine. L’expérience de Philippe Mettoux dans la lutte contre la corruption et sa connaissance des arcanes juridiques constituent des atouts précieux dans ce contexte délicat.

Un défi de taille pour la Principauté

En accédant au poste de ministre d’État, équivalent monégasque du Premier ministre, Philippe Mettoux hérite d’un mandat ambitieux. Il devra poursuivre les grandes orientations stratégiques de la Principauté, notamment en matière de transition énergétique, de diversification économique et de rayonnement international, tout en gérant les dossiers sensibles en cours.

Son profil hybride, alliant expertise juridique, expérience gouvernementale et connaissance du secteur privé, semble répondre aux défis contemporains de Monaco. La Principauté mise sur cette combinaison unique de compétences pour consolider sa position sur la scène internationale et poursuivre sa modernisation.

L’arrivée de Philippe Mettoux marque ainsi une nouvelle page dans l’histoire gouvernementale monégasque, avec un dirigeant formé aux plus hauts niveaux de l’État français et rodé aux enjeux économiques modernes, qualités essentielles pour guider la Principauté dans les années à venir.

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