L’exposition « Christian Bérard, Excentrique Bébé » s’inscrit dans la continuité d’un programme consacré à l’esthétique révolutionnaire développée par Serge Diaghilev à Monte-Carlo. Préfigurant certains aspects de l’art contemporain, l’approche transdisciplinaire du fondateur des Ballets russes a entraîné une transformation radicale des arts décoratifs dans les années 1910 et 1920 et continue d’exercer une influence durable sur les arts visuels et la performance.
Après les expositions « Portraits d’Intérieurs » et « Designing Dreams, a Celebration of Leon Bakst », Célia Bernasconi, conservatrice en chef du NMNM, prolonge le dialogue initié en 2014 avec l’artiste Nick Mauss pour redécouvrir à travers cette nouvelle exposition, l’extraordinaire modernité de Christian Bérard, que ses amis surnommaient affectueusement Bébé.
Adoptant un regard décentré, l’exposition s’appuie sur la notion de « modernisme excentrique » définie par l’Universitaire américaine Tirza True Latimer, qui propose une relecture inclusive pour revaloriser les artistes relégués à la marge d’une histoire officielle de l’art.
Excentrique, Bérard a œuvré librement dans de nombreux cercles et domaines artistiques. Décorateur et costumier de théâtre et de cinéma, dessinateur de mode, ensemblier, il lui fut trop longtemps reproché de se disperser dans les arts dits « mineurs », au détriment de sa peinture.
Excentrique, ce Bébé au visage poupon reçoit dans sa chambre et pose régulièrement, allongé dans son lit. Ses portraits, mis en relation avec les décors qu’il conçoit pour la scène et le cinéma mais aussi avec ses plus prestigieux décors d’intérieurs, expriment une théâtralisation exubérante de l’intime.
Excentrique, c’est loin de Paris, auprès de ses amis et mécènes résidant sur les bords de la Méditerranée, qu’il crée parmi ses œuvres les plus emblématiques, souvent inspirées des peintres italiens du Quattrocento.