Accueil Economie Spectacle, contrat… Pourquoi le Grand Prix de Monaco est-il menacé s’il n’évolue pas ?

Trop démodé, le Grand Prix de Monaco ? Ces derniers temps, plusieurs critiques sont venues s’abattre sur la course du Rocher. Manque de spectacle, course jouée dès les qualifications, privilèges réservés à l’organisation monégasque… Autant d’arguments qui reviennent souvent en interviews.

Alors que le contrat liant l’Automobile Club de Monaco et la Formule 1 arrive à échéance fin 2022, le moment est peut-être venu pour le GP d’évoluer. Même s’il semble quasiment impossible de le voir quitter le calendrier, en raison de son prestige et de son histoire. On fait le point.

Une course « ennuyeuse » ?

Le GP n’a pas été épargné par les pilotes ces dernières années. Notamment par Lewis Hamilton. En 2016, l’Anglais déclarait déjà : “Aucune décision n’a véritablement été prise pour rendre plus attractive la course. Les trois ou quatre dernières années, il n’y a eu qu’un seul arrêt en course, ce qui est le plus ennuyeux.” Des critiques à nouveau formulées en 2021 : “Je le dis depuis longtemps, peu importe la place à laquelle vous terminez, la piste n’est pas amusante. Bien évidemment, c’est génial quand on gagne une course. Mais même quand vous menez et que vous êtes loin devant, c’est ennuyeux.”

Des propos qui s’expliquent par la spécificité du circuit. Situé au cœur de la ville, avec un parcours étroit, il offre très peu de possibilités de dépassement. L’an passé, il n’y en avait eu aucun, ce qui était une première en F1 depuis 2017. Décrocher la pole position est souvent synonyme de victoire à Monaco. Et il semble compliqué de voir plus de zones de dépassement être créées, malgré le gain de surface sur la mer.

Un si grand défaut ? Cela a toujours été le cas, sur le Rocher. Et si la course du dimanche perd en intérêt, cela renforce l’enjeu des qualifications. Ce qui permet de se différencier des autres Grands Prix. Alors, unique ou ennuyeux ?

Une course changée avec les nouvelles monoplaces ?

Circuit le moins rapide de la saison, ce GP de Monaco pourrait encore être plus lent que les précédents, avec l’arrivée des nouvelles monoplaces, plus lourdes. C’est ce à quoi s’attend Alex Albon (Williams) : “Je pense que Monaco sera l’une de ces pistes où nous seront vraiment plus lents que les précédentes années.”

Autre facteur important, la visibilité. Conduire sur le tracé de Monaco n’était déjà pas chose aisée, mais les pilotes auront peut-être plus de mal cette année au niveau de la visibilité, avec des pneus plus gros qui gênent leur champ de vision. « C’est clair que la visibilité est pire dans cette voiture que dans les précédentes, affirme Kevin Magnussen (Haas). Cela va être vraiment compliqué de voir la corde parfois, c’est surtout ça, mais tout ira bien ! » Deux éléments qui pourraient changer la donne de la course. En bien ou en mal ? Réponse ce week-end.

Une exception monégasque qui faisait jaser

Depuis toujours, Monaco bénéficie de plusieurs privilèges par rapport aux autres Grands Prix. L’Automobile Club de Monaco (ACM) paye moins que les autres pour être au programme, s’occupe de sa réalisation TV et affiche ses propres sponsors à côté de ceux de la F1. Ce qui, à terme, peut faire des jaloux. “Monaco a besoin de se mettre au niveau des autres Grands Prix en termes commerciaux” , déclarait à ce propos Zak Brown, directeur de l’écurie McLaren.

L’évolution de la F1 va dans ce sens, puisque l’immunité monégasque perd du poids au fil des ans. Cette saison, le GP de Monaco a dû se résigner à faire commencer les essais libres le vendredi, comme les autres courses. Avant, ils démarraient le jeudi, pour permettre aux commerçants de Monaco de faire plus de recettes le vendredi.

Et le prix payé par l’ACM à la F1 devrait augmenter pour le prochain contrat, avec un montant compris entre 18 et 20 millions de dollars. Ce qui n’inquiète pas le Prince Albert II, impliqué dans les négociations, comme il l’a confié à L’Équipe : “Ce sont des chiffres que j’ai entendus. L’ACM viendra vers moi à ce propos. On a toujours, de toute façon, été en parfaite coordination avec l’Automobile Club, donc cet accord financier, s’il se confirme, c’est dans l’ordre du possible.”

Un contrat à renouveler

Si le GP de Monaco est au cœur de tant d’enjeux aujourd’hui, c’est parce que le contrat qui le lie à la F1 se termine fin 2022. Et si un nouvel accord devrait être trouvé pour les années à venir, les négociations pourraient être plus complexes qu’avant. Le groupe américain Liberty Media, propriétaire de la F1 depuis 2017, semble accorder moins d’importance aux Grands Prix historiques que l’ancien patron, Bernie Ecclectone, et pense plus à la manière de rentabiliser son affaire.

“Les discussions se poursuivent et je vais aussi personnellement voir les patrons de Liberty pour discuter avec eux” , explique à ce sujet le Prince Albert II, dans L’Équipe.“Je pense que l’on va aboutir. J’en suis même sûr. Bien sûr, ça ne se fera pas aux conditions du passé. C’est tout à fait normal. Il faut accepter cela. Il y a une petite négociation à avoir, mais je suis très confiant.”

L’arrivée fracassante des Grands Prix américains

L’arrivée de Miami dans le programme de la F1 a montré ce vers quoi tendait Liberty Media. À la manière des sports américains (NFL, NBA), il a beaucoup misé sur le show, sur l’à-côté du circuit, alors que le spectacle n’a pas forcément été au rendez-vous sur la piste.

Preuves de cette démesure financière, la plage artificielle, le téléphérique traversant le circuit ou encore la fausse marina de yachts installée dans l’enceinte, avec de l’eau… en plastique. Pour pouvoir suivre le GP depuis un bateau, il fallait débourser environ 10 000 dollars par jour et par personne.

Si Monaco n’est pas en reste côté bling-bling, avec une vraie marina de yachts pour le coup, les promoteurs pourraient vouloir plus de « show » à l’américaine. Une tendance qui devrait se confirmer l’an prochain, avec l’arrivée du Grand Prix de Las Vegas, qui promet un spectacle à coups de millions de dollars.

Lire l’original sur ouest-france.fr

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