Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les instances du football ont réagi. La FIFA (la Fédération internationale) a exclu la Russie de la prochaine Coupe du monde qui se déroulera au Qatar. L’UEFA (la Fédération européenne) a exclu de ses compétitions les clubs russes et résilié ses contrats de sponsoring avec Gazprom, société russe. Alors, dans cette optique, leur petite sœur, la FFF (Fédération française de football) doit-elle exclure du championnat de France l’AS Monaco, dont le propriétaire-président est, depuis 2011, avec l’aval du prince Albert, l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev, et dont le partenaire historique est Fedcom, une société russe spécialisée dans le soufre et les engrais ?
Lundi 28 février, Monaco, s’alignant sur les résolutions de l’OTAN, a annoncé : « Conformément à ses engagements internationaux, la principauté a adopté et mis en œuvre, sans délai, des procédures de gel de fonds et de sanctions économiques identiques à celles prises par la plupart des États européens. » Mais ce dispositif a épargné Dmitri Rybolovlev, le propriétaire de l’AS Monaco et résident de la principauté. Pourquoi ? RMC Sport, soit Radio Monte-Carlo, nous l’a expliqué, citant une source proche du club : « Lier Dmitri Rybolovlev à Vladimir Poutine paraît osé. S’il possédait, encore en 2010, 65 % du groupe russe Uralkali, géant mondial des engrais potassiques, grâce auquel il a fait fortune, le boss du club de la principauté n’a jamais été présenté comme un proche de Poutine ni de Boris Eltsine avant lui. Il a quitté la Russie en 2010 et n’a plus d’activités là-bas. C’est cette année-là que Dimitri Rybolovlev a vendu sa société, sous la pression, à un proche d’Igor Setchine, vice-Premier ministre de Vladimir Poutine. Pas de quoi installer une relation amicale entre le natif de Perm et le chef d’État, loin de là. »
Donc Rybolovlev n’aurait fricoté ni avec Eltsine ni avec Poutine, avec lequel il serait en froid, ce qui explique pourquoi il est exonéré de toute sanction. Pourquoi pas.
Mais il y a un hic. Les États-Unis ne sont pas de cet avis. Dans un texte prémonitoire, daté du 19 janvier 2022, immatriculé H.R.6422, et intitulé « Putin Accountability Act », le Congrès américain a présenté les mesures à prendre pour juguler la menace Poutine. Dans ce texte, le chapitre 8 expose les sanctions à prendre contre « toute personne dans la Fédération de Russie impliquée dans la kleptocratie et participant ou aidant à l’activité subversive du gouvernement de la Fédération de Russie contre les institutions et les intérêts démocratiques des États-Unis ». Et parmi les personnes ciblées et citées, on trouve « Dmitry Rybolovlev, ancien directeur d’Uralkali et actuellement propriétaire du club de football de Monaco et de plusieurs autres actifs en Occident ».
Alors, à quel saint se vouer ? Faut-il croire les services de renseignement américains, sur lesquels s’est appuyé le Congrès, ou le service de presse de la principauté de Monaco ? En temps de guerre, les spectres ressurgissent toujours.
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