A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les cancers pédiatriques, le Centre Scientifique de Monaco est revenu sur trois programmes de recherche internationaux conduits par ses équipes, pour développer des traitements spécifiques contre ces pathologies.
Chaque année en France, 2000 enfants ou jeunes adultes déclarent un cancer solide (essentiellement tumeurs du cerveau et tumeurs des os) ou hématologique (tumeurs du sang). Sur la même période, plus de 300 meurent d’une forme de cancer pédiatrique.
Bien que ces pathologies diffèrent considérablement des cancers adultes par leurs causes et leur nature, il n’existe pas encore de traitement prenant en compte leurs spécificités.
« Les cancers pédiatriques sont des pathologies très diverses et rares … » exposait récemment à la Biennale Monégasque de Cancérologie le docteur Vincent Picco, responsable des programmes de recherche sur ces pathologies au Centre Scientifique de Monaco « …Aucun traitement spécifiquement développé contre l’une de ces maladies n’est actuellement utilisé en clinique. Ces pathologies répondent strictement à la définition de maladies dites orphelines. »
C’est pourquoi les équipes du Centre Scientifique de Monaco, en partenariat notamment avec des associations de familles de malades, développent plusieurs axes de recherche innovants : la reprogrammation des cellules souches tumorales, qui sont responsables des rechutes, dans le but de les rendre vulnérables aux traitements par radio et chimiothérapie et de réduire les risques de récurrence de la maladie, l’approche théranostique, basée sur l’exploitation de spécificités propres aux cellules tumorales et qui offre avec les mêmes outils technologiques de pointe la possibilité d’effectuer une imagerie de très grande sensibilité et un ciblage par traitement radiothérapeutique extrêmement précis, garantissant ainsi à la fois un diagnostic et une thérapie fiables et ciblés.
Par ailleurs, le CSM lance cette année, en partenariat avec le Laboratoire International Associé Ropse, l’Université Côte d’Azur et le soutien financier de l’Institut National du Cancer (INCa), une étude fondamentale qui s’appuie sur l’anémone de mer comme modèle.
Cet animal, d’une grande simplicité morphologique, est utilisé dans de nombreux laboratoires à travers le monde. Il présente un développement embryonnaire externe, ainsi qu’un système nerveux extrêmement simple qui permet l’étude de la neurogenèse in vivo à l’échelle de la cellule individuelle. Malgré cette simplicité, ces animaux partagent avec l’Homme les mécanismes responsables de la génération du système nerveux.
Ce modèle d’étude est donc parfaitement adapté pour mieux comprendre les accidents génétiques qui conduisent à la formation de tumeurs chez des enfants parfois âgés de quelques mois. Ainsi, de même qu’aucun des inhibiteurs utilisés dans les thérapies anticancéreuses ciblées actuelles n’aurait pu être mis au point sans l’apport des modèles tels que la mouche drosophile dans la compréhension des mécanismes de signalisation cellulaire, ce projet pourrait déboucher sur des résultats qui bouleverseront la conception actuelle de la nature de certains cancers pédiatriques du cerveau.
Ces nouveaux concepts, certainement très différents de ceux validés dans les cancers adultes, pourraient de fait conduire à l’élaboration de stratégies thérapeutiques spécifiques aux cancers des enfants.