Accueil Palais Le Prince Albert II invité d’Europe 1 Sport

Invité exceptionnel d’Europe 1 Sport pendant près d’une demi-heure, le Prince souverain se livre sur sa passion pour le sport et les Jeux Olympiques, auxquels il a participé cinq fois dans les épreuves de bobsleigh, sur sa place au Comité International Olympique, mais aussi sur son grand-père John Kelly, triple médaillé d’or en aviron. Il évoquera enfin les Jeux de Pékin qui ont débuté cette semaine, ainsi que les prochains Jeux de Paris 2024.

Le sport dans son ADN : « Une grande pratique sportive en principauté »

« C’est à la fois par goût et par pratique personnelle, mais c’est aussi un héritage familial puisque du côté de ma mère, mon grand-père (John Kelly) a été trois fois champion olympique d’aviron (deux médailles d’or en 1920 et une en 1924), mon oncle Jack a été quatre fois olympien, médaillé de bronze aux Jeux de Melbourne (1956), toujours en aviron. Et puis du côté de mon père aussi, il y avait une grande pratique familiale. J’ai un grand-oncle, le prince Guy de Polignac, qui a été en équipe de France de bobsleigh dans les années 30 aux Jeux et il a fait un championnat du monde. Donc je ne suis pas le premier de la famille à avoir fait du bobsleigh.

Mais il y a une grande pratique sportive en Principauté. Il y a un grand engouement pour le sport en Principauté. Ça fait partie de l’évolution et du développement de la Principauté à notre époque contemporaine. Les sports nautiques en premier lieu, mais aussi, bien sûr, le football, le sport automobile, le tennis et le basket maintenant. On a pu organiser des grands meetings depuis maintenant plus de trente ans, en natation et en athlétisme aussi. Donc, il y a vraiment un grand engouement, mais aussi un grand désir de pratique. On a encouragé depuis très longtemps le sport scolaire, on l’a mieux structuré, mais aussi le sport associatif. Il y a plus de 150 associations, pas uniquement sportives, mais caritatives à Monaco. On a un nombre record de licenciés par rapport au nombre de personnes résidant en Principauté. Donc on est vraiment une ville très sportive. »

Sur les jeux de Pékin : « Il était impératif que ces jeux aient lieu »

« Ce sera une édition des Jeux tout à fait particulière. Les Chinois ont voulu absolument que cette candidature des Jeux d’hiver aboutisse non seulement pour le développement des sports d’hiver en Chine, mais aussi parce qu’ils voulaient être la première ville ayant accueilli à la fois les Jeux d’été (en 2008) et les Jeux d’hiver, ce qui est tout à fait remarquable. Mais il y a vraiment un désir de montrer au monde qu’ils vont vers plus de durabilité. D’abord, qu’ils adhèrent aux nouvelles normes émises par le CIO sur une organisation de jeux plus rigoureuse, moins coûteuse, moins de gigantisme en allant vers plus de durabilité. À Pékin, il y a une vraie réhabilitation des différents stades et des différentes enceintes sportives pour les Jeux d’hiver.

Je pense en premier lieu non seulement au Stade olympique, au célèbre Nid d’oiseau, mais aussi au cube d’eau qui deviendra un cube de glace puisqu’il accueillera les épreuves de curling. Donc, il y a un vrai désir d’utiliser l’existant, de le réhabiliter, mais aussi d’une meilleure utilisation de l’énergie, en allant vers plus d’énergies renouvelables. Et je crois que l’on verra ça dans le détail à l’approche des Jeux. C’est une édition tout à fait particulière à cause de la pandémie et les Chinois ont émis des règles très strictes et ce sera un peu moins festif, il y aura moins de chaleur, de chaleur humaine et d’engouement. Mais je pense qu’il était absolument impératif que ces jeux aient lieu. En premier lieu pour les athlètes.

Si on saute une édition des Jeux d’hiver, c’est au détriment des athlètes. C’est les mettre un peu en difficulté pour le déroulement de leur carrière, de leurs aspirations et de leurs objectifs. On ne pouvait pas reporter encore une édition, on avait dû reporter les Jeux d’été de Tokyo et on ne voulait pas tomber dans la même situation. Il fallait travailler de façon très proche avec les autorités chinoises, avec les organisateurs des Jeux, pour qu’il y ait un cadre assez strict pour que ces Jeux puissent avoir lieu. »

Sur la délégation monégasque

« Il n’y a pas uniquement le bobsleigh. Il y a aussi un skieur, Arnaud Alessandria, qui sera d’ailleurs notre porte-drapeau, qui est un garçon qui a de belles qualités, qui a eu une carrière entachée malheureusement de blessures, mais qui est un descendeur et qui participera aussi au super-G et peut être combiné. Ça dépendra de sa forme du moment, mais on fonde de bons espoirs sur lui. L’équipe de bobsleigh masculine, malheureusement, on n’a pas d’équipe féminine pour l’instant, peut-être que ça viendra un jour. Ils sont trois, mais ils font le bob à deux avec un remplaçant. Andy, le pilote, qui est un garçon qui a déjà eu de très bons résultats en Coupe d’Europe et en Coupe du monde, mais aussi qui, avec un autre coéquipier, avait décroché une médaille de bronze aux Jeux de la jeunesse à Innsbruck (Autriche) en 2010.

C’est un garçon qui, malheureusement, a aussi eu quelques soucis de blessure. Il a dû être opéré, notamment du pied, il y a un an. Il est revenu en bonne forme et j’espère qu’il pourra piloter notre bob à deux vers de bons résultats. Il sera associé à Boris Vain, qui est un très bel athlète, un ancien lanceur de poids qui s’est reconverti dans le bob et qui a de très belles qualités physiques. Et Anthony Rinaldi, qui est le frère de Rudi et qui sera le remplaçant freineur. »

Sur les Jeux Olympiques de Paris : « J’ai hâte d’y être »

« La cérémonie d’ouverture va être tout à fait originale et tout à fait extraordinaire. D’abord, de sortir d’un stade, ça s’est fait à d’autres jeux, mais beaucoup plus modeste. Mais là, de faire ça sur la Seine avec une participation unique des athlètes et du public, ça va vraiment être un lien extraordinaire et un théâtre extraordinaire pour une très belle célébration. J’ai hâte d’y être. »

Évolution des JO : « Il faut savoir s’adapter à son époque »

« Ça fait partie aussi de l’évolution du nouvel agenda du CIO. Vers plus de transparence et vers plus de durabilité, mais aussi vers plus d’engagement. Il fallait évoluer. Il fallait partir aussi du constat qu’il y avait de moins en moins de jeunes spectateurs qui suivaient les Jeux olympiques. Il fallait créer ce lien avec les nouvelles générations et donc aller vers ce qu’ils aimeraient voir, les sports dans lesquels ils aimeraient participer aussi et créer une meilleure pertinence dans notre monde contemporain. Je crois que c’est une évolution tout à fait normale. Je crois qu’il faut savoir s’adapter à son époque, mais il faut savoir aussi se réinventer. Ces nouveaux sports, ça a eu vraiment un très bel écho. Ça a été très bien suivi, donc je pense que tous ces nouveaux sports vont apporter un plus au mouvement olympique. »

Sur Kylian Mbappé : « Il peut devenir un joueur plus complet »

« Il est encore jeune et il est entré très jeune sur la scène internationale et sur la scène du football français. Je pense qu’il peut encore progresser et qu’il peut devenir un joueur plus complet dans le jeu. Il a une vitesse extraordinaire. Mais il peut aussi devenir, pourquoi pas, un distributeur de jeu avec une technique encore plus affinée. Il sera Ballon d’or un jour. C’est une fierté parce qu’on a été son club formateur et on ne l’oublie pas. C’est un garçon intelligent et qui a une belle vision des choses. Je lui souhaite le meilleur pour sa carrière. »

Son implication à l’AS Monaco : « Je suis associé aux grandes décisions »

« Il y a un groupe d’investisseurs monégasques qui sont toujours impliqués dans le club et dans sa structure. C’est normal que je suive ça et que je puisse aussi donner mon avis quelquefois. Mais les dirigeants actuels l’ont bien compris, l’ont bien respecté aussi. Il y a un dialogue qui n’est pas aussi régulier que par le passé, mais qui est là quand même plusieurs fois par saison. Je suis associé aux grandes décisions qui touchent le club. »

Sur l’éviction de Niko Kovac : « Une décision un peu trop hâtive »

« On m’a démontré par plusieurs arguments, que c’était le moment de changer. Parce qu’on n’était pas dans les objectifs qu’on s’était fixés en début de saison. Mais bon, normalement, on fait le bilan vers la fin de la saison et pas en plein milieu. C’est vrai que même si Philippe Clément est un très bon entraîneur, quelqu’un de tout à fait charmant et avec de très bons résultats dans les équipes qu’il a déjà entraînées. J’aurais peut-être laissé Niko Kovac encore quelques mois, sans doute jusqu’à la fin de la saison. J’espère me tromper, mais je pense que ça a été une décision un peu trop hâtive. »

Sur les ambitions de l’AS Monaco : « C’est difficile pour nous de rivaliser avec les plus grands clubs »

« Bien sûr que c’est un souhait et c’est un vœu, mais on sait que ça sera très difficile parce que c’est difficile pour nous de rivaliser avec les plus grands clubs, même si on s’est beaucoup mieux structuré ces dernières années. On s’est beaucoup plus professionnalisé, mais on n’est pas la même échelle que les clubs de Manchester, que le Real Madrid, Barcelone ou que le Bayern de Munich, la Juventus. Je peux en citer des dizaines. Et on n’a pas le choix. On n’a pas un très grand stade et il n’y a aucune raison pour qu’on ait un stade plus grand parce qu’on a un bassin de population qui est ce qu’il est, même si on draine beaucoup de spectateurs hors de Monaco.

Notre modèle économique est fait de telle façon que quand on a très peu de chance de pouvoir rivaliser d’un point de vue financier avec les plus grands clubs, on a du mal à attirer des joueurs confirmés. Donc, on mise plus sur les jeunes joueurs et sur la formation de jeunes joueurs qui, bien sûr, seront amenés à quitter le club. Et c’est pour ça qu’il faut qu’on soit très vigilant sur la qualité des entraîneurs et des formateurs. Il faut que l’on fasse tous les efforts nécessaires pour que l’académie soit toujours d’un excellent niveau. »


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