Le groupe de travail sur l’hydrogène à Monaco s’est réuni vendredi 9 juillet pour une matinée qui a largement dépassé le temps imparti ! La session qui ne devait durer qu’une matinée s’est terminée à presque 14h ; mais c’est parce que les échanges ont été intenses et fructueux, les confrontations de points de vue nombreux, les spécialistes et les représentants des organes institutionnels invités à discuter de l’évolution de l’implantation de l’hydrogène dans la région et en Principauté se révélant plus que passionnés par le sujet.
Organisée en deux sessions de tables rondes rassemblant une dizaine d’intervenants, la matinée a tout d’abord permis au groupe de travail de faire le point de la situation du déploiement de l’hydrogène dans les territoires, avant de s’intéresser aux applications concrètes et à leur implémentation dans lesdits territoires. Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Yacht Club de Monaco et Président du Cluster Yachting Monégasque, a officiellement ouvert la séance en expliquant à quel point il était important que la Principauté et la grande plaisance considèrent la place de l’hydrogène et son déploiement possible en Principauté comme des axes prioritaires dans la poursuite des objectifs de décarbonation fixés par le Gouvernement Princier.
Mesdames Annabelle Jaeger Seydoux, Directeur de la Mission pour la Transition Énergétique de Monaco, et Virginie Haché-Vincenot, Chef de Division à la même Mission pour la Transition Énergétique de Monaco ont cependant expliqué que la Principauté avait fait initialement le choix de l’électrification du port et se trouvait ainsi, selon elles, bien équipée pour répondre aux besoins des navires faisant escale, même si la Digue du Large qui accueille les navires de croisière et les megayachts ne l’est pas.
Bien que le Gouvernement soit très au fait de l’intérêt pour l’hydrogène, en particulier dans le maritime, elles ont estimé que cette solution restait une option future plutôt qu’actuelle, avançant, sur la question de la fourniture d’énergie complémentaire lors de grands événements comme le GP de Formule 1 ou le Monaco Yacht Show que le réseau actuel était en mesure de répondre aux pics de demande, sans recours à des générateurs diesel, et que l’utilisation d’alternatives électro-hydrogène n’était pas nécessaire.
Bruno Frachon, Conseiller au Cabinet de Mme Annick Girardin, Ministre la Mer (France), qui intervenait en distanciel a alors expliqué que la France s’était désormais engagée dans une politique volontariste pour envisager rapidement une amélioration de la situation des ports français, qu’il s’agisse de l’électrification à quai pour la fourniture permanente d’électricité ou de différentes options pour l’utilisation de solutions « décarbonées » permettant d’éviter le recours aux énergies fossiles pour les navires de passage.
Jérôme Giraud, Directeur de la Chambre de Commerce du Var, qui a lui déjà fait le pari de l’hydrogène, et a détaillé l’installation à venir de groupes électro-hydrogène vertueux en complément du réseau existant, ainsi que la mise en place d’une station hydrogène et de partenariats pour l’avitaillement en hydrogène vert en provenance du plateau de Signes avec le projet SunrHYse.
Giraud a insisté sur l’importance d’envisager la question sous l’angle d’éco-systèmes complets pouvant à la fois servir au maritime et au terrestre, que ce soit pour la mobilité ou pour répondre au surcroît de besoins d’énergie, sporadiques ou continus, qui ne feront qu’augmenter.
Côté italien, le Docteur Stefano Besseghini, Président de l’Autorité de Régulation de l’Énergie, a admis que son pays n’était pas forcément le plus en avance sur le sujet, mais que cela se justifiait aujourd’hui par rapport au choix à faire, en particulier par rapport aux possibilités de production, d’importation et de distribution d’hydrogène vert qui ne sont pas encore en place.
Les entreprises essuient les plâtres
La deuxième session de la matinée a donné la parole aux acteurs de la transition hydrogène, ceux-là même qui sont sur le terrain et dont les entreprises « essuient les plâtres » de cette phase de transformation des usages, de l’implantation des infrastructures et font parfois face à des réglementations peu adaptées, ou qui n’existent pas vraiment.
La première d’entre elles à intervenir a été Chloé Zaied, fondatrice d’Hynova Yachts, dont le premier bateau de plaisance hydrogène homologué au monde participait au Energy Boat Challenge.
Elle expliquait l’impossibilité d’exploiter son bateau zéro émissions parce que personne ne prend la décision (mis à part le port de Toulon) d’implanter de stations hydrogène sur son territoire. Elle a des clients intéressés pour acheter son bateau, des chantiers et des architectes navals de la plaisance et grande plaisance qui ont des armateurs prêts à passer à l’hydrogène, et le seul obstacle devient infrastructurel et/ou réglementaire.
Eco-systèmes, économie circulaire, H2 Ready, rôle et responsabilité de chacun, tels sont quelques-uns des mots-clés qui ont ponctué ces sessions de travail, avec un slogan percutant verbalisé par M. Huber et repris plus ou moins explicitement par l’ensemble des acteurs du quotidien de l’hydrogène : « action, not words ». Un bel écho aux propos de Bernard d’Alessandri lorsque le YCM a lancé le SEA Index ou lorsqu’il célèbre cette année la 8e édition du Monaco Energy Boat Challenge.
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